Métal toujours Hurlant

Enki Bilal : « La bande dessinée est devenue un truc totalement fermé, « sociétalisé », volontairement déconnecté de l’imaginaire. C’est pour ça que je soutiens Métal, on vit une période où l’imaginaire devient suspect. Pourquoi ? Parce qu’il entrave la mise au pas qui est en marche. Pour moi le wokisme, c’est un danger absolu, pour la culture, la pensée, l’intelligence. Et ça vient de gens intelligents, comme toutes les dictatures : c’est une dictature culturelle, c’est le maccarthysme à l’envers, ça vient de la gauche, ce n’est pas la chasse aux communistes par l’extrême-droite américaine, c’est la chasse à la liberté par l’extrême-gauche américaine. Ca témoigne d’une rupture de génération. La nouvelle génération est à fond dedans, parce qu’il y a une rupture de transmission et qu’à la limite, elle, Métal Hurlant, elle ne sait même pas ce que c’est. »

« Comment arrêtez ça ? On ne peut pas l’arrêter, il faut simplement se battre sur le terrain de nos convictions, de l’imaginaire et imposer le talent. Parce que, je vais vous dire autre chose : cette offensive wokiste est accompagnée par très peu de talents, puisque c’est une idéologie. (…) Je pense qu’on ne peut s’opposer que par la création. »

Ces propos sont tirés du numéro 8 (août 2023) de la nouvelle formule de Métal Hurlant, célèbre revue de BD de science-fiction. Un numéro où Enki Bilal s’exprime sans langue de bois sur notre époque, lui qui, sans faire partie de la bande, croisa la route des Moebius, Dionnet, Druillet, Jodorowsky… Dans le même numéro on peut également savourer un entretien fleuve avec Philippe Manoeuvre. Aux alentours de l’année 1975, entre deux articles pour Rock&Folk, il fut embarqué par Dionnet à bord de cette aventure éditoriale légendaire. Une époque où la bédé n’était considérée que destinée aux enfants… Une aventure qui s’écrit donc toujours au présent, puisque le numéro 11 de la revue vient de paraitre. Et en parcourant les rayons des librairies, l’héritage « Métal Hurlant » s’affiche fièrement avec la réédition de ‘Mes Moires-un pont sur les étoiles‘ de Jean-Pierre Dionnet et Christophe Quillien. Une réédition dite « revue et sévèrement corrigée ». Christophe Quillien signe également ‘Jean Giraud alias Moebius‘, une biographie de plus de cinq cent pages consacrée au célèbre créateur de Blueberry avec Charlier, d’Arzach, de l’Incal avec Jodo et de tant d’autres mondes fantastiques. Et pendant ce temps, dans les salles de cinéma, George Miller (son premier ‘Mad Max’ a failli s’appeler ‘Métal Hurlant’) fait hurler le métal et le cuir sur les grands écrans avec son ‘Furiosa‘ ! Une saga routière et post-apo qui a droit elle aussi à plusieurs publications.

3 commentaires sur “Métal toujours Hurlant

    1. Oui, des invitations à lire très stimulantes je trouve.
      Je vais lire avec intérêt ton retour sur ‘Furiosa’.

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