Cannes 2009 – C’est parti !

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Jeudi 14 Mai

Et hop, une nouvelle édition cannoise qui débute sous le soleil, mais avec cependant un petit vent frais qui annonce un week-end peut-être instable. A commencer par les transports en commun puisque la SNCF 06 annonce un mouvement de grève ! C’était trop beau pour être vrai. Chaque année on y a droit : les usagers sont pris systématiquement en otages !!! Car c’est bien connus, les festivaliers sont tous des milliardaires du showbis… Même mépris pour les voyageurs qui travaillent et dépendent du train. Mais passons à autre chose, parlons cinéma.

Ce matin, levé de bonne heure pour être dans la file du nouveau film de Francis Ford Coppola ‘Tetro’, ouverture évènementielle de la Quinzaine des Réalisateurs. Mais 1h30 d’attente (!) n’était apparement pas suffisante. Complet ! C’est un peu la règle du jeu à Cannes : badge ou invitation, pas certain d’entrer à certaines séances, aussi faut-il réagir vite et se rabattre éventuellement sur un autre film. Et dans le cas présent ce fut la découverte d’un superbe petit film iranien, ‘Les Chats Persans’ de Bahman Ghobadi, comédie dramatique qui nous entraîne dans le parcours semé d’embûches d’un groupe de musiciens cherchant à organiser un concert afin de financer une tournée en occident. Mais en Iran, la liberté d’expression, le jazz, le métal, le rap ou l’indie-rock ne sont pas du goût des autorités morales et religieuses… ‘Les Chats Persans’ présente donc une certaine jeunesse iranienne qui souhaite juste vivre sa passion. Pas de misérabilisme ici, au contraire montage dynamique, musiques rythmées et personnages attachants comme la belle Negar, son compagnon Ashkan ou encore leur incroyable agent artistique Nader. L’Iran déborde de vie qui ne démande qu’à s’épanouir mais qu’on étouffe, nous dit le réalisateur. Premier film vu à Cannes, sélection Un Certain Regard, et coup de coeur direct ! Applaudissements du public.

Cannes 09 - Chats Persans

Cannes 09 - Chats Persans 02

‘Les Chats Persans’ /’No One Knows About the Persian Cats’

A peine sorti de la salle qu’on repart dans une file d’attente. Pas le temps de manger. Les films priment avant toute chose. On peut très bien tenir avec une bouteille d’eau et un fruit. Dilemme : deux films japonais à la même heure. Lequel choisir entre Naomi Kawaze et Kore-Eda Hirokazu ? Bon, le plus simple est de rester à Un Certain Regard, nous enchaînons donc avec le nouveau film de Kore-eda Hirokazu qui nous avait tapé dans l’oeil il y a quelques années en compétition officielle avec ‘Nobody Knows’. Son nouveau film s’intitule ‘Air Doll’. L’histoire d’une poupée gonflable qui devient vivante. Ou Pinocchio revu et corrigée façon sex toy ! Il n’y a qu’un japonais pour oser proposer un sujet pareil (lire le livre d’Agnès Giard ‘l’Erotisme au Japon’ qui consacre tout un chapitre sur le sujet) sans tomber dans le moralisme social, le scabreux ou le cynisme. Le film débute comme un conte fantastique et poétique, avec une touche d’érotisme, la poupée devenant humaine et découvrant le monde étrange des hommes avec le regard d’un enfant. Mais être vivant c’est aussi avoir un coeur, et donc ressentir des émotions. Or, le monde que découvre la poupée est impitoyable, fait de gens seuls qui essaient de combler leur solitude dans la consommation. Qu’est-ce qu’être humain ? Les objets que nous consommons ont-ils une âme ? Autant de questions que l’on retrouve dans le travail de Mamoru Oshii (les poupées de ‘Ghost in the Shell’). Cependant ‘Air Doll’ déçoit un peu. On ne retrouve pas la rigueur et la fluidité de ‘Still Walking’ du même réalisateur sorti le mois dernier en salles. Trop long en plus (2h05). Trop sombre aussi car si le film change de ton en cours de route, l’écriture se révèle un peu maladroite. Pour Kore-Eda Hirokazu, le destin des êtres dotés d’un coeur (à l’image de l’insecte éphémère dont il est question dans une scène) est forcément dramatique. Mais on garde en mémoire de grands moments, à commencer par le jeu de l’actrice Doo Na Bae qui interprète de tout son corps et de toute son âme cette poupée qui s’anime à la vie. Travail de pantomime proche de Johnny Depp pour ‘Edward aux Mains d’Argent’, avec une touche japonaise tels les grands yeux émerveillés de personnages de mangas/anime. Dommage donc que le réalisme brutal l’emporte sur le conte de manière un peu forcée.

 Cannes 09 - Air Doll 02

Cannes 09 - Air Doll 01

‘Air Doll’ /’Kuki Ningyo’